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Alcoolique par procuration

10 mars 2009

Psychothérapiquée

Voilà c'est fait.
Ce matin, y'a rien qui va. Dès le lever, c'est l'hurricane dans ma tête... "le brouhaha d'un hall de gare" comme dirait l'autre...

Echange de mails délicats avec Loulou,
la fin de mon dernier était si brute, auto agressive, que je n'ai même pas pu l'écrire.

Alors j'ai pris le bottin, je l'ai ouvert à la page 600 et des bananes, et j'ai fait "pouf pouf".
De toute manière, je n'en connais aucun ici,  et quand bien même, qu'on me conseille untel ou untel ne sera pas miraculeux. Autant que je vois de moi même comment se déroule la chose.

Mon choix se tournait vers une femme, et le hasard a fait que mon regard s'est posé sur le nom d'une certaine "Annie".
Rendez vous le 20 mars, le jour de l'anniversaire de ma maman...

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5 mars 2009

2009, sur les chapeaux de roue

Le 7 janvier dernier,
mon chéri m'a demandé en mariage.
Oui, la bonne nouvelle 2009.
Bien sur, ma réponse a  été instantanée et OUI, évidemment.

A peine 2h plus tard, mon cerveau bouillonnait déjà.
Pas de contacts avec mon père, mais tout de même un père. Le dilemme: je l'invite, je l'invite pas?
En sachant que je n'avais pas envie de reprendre contact, mais qu'à la fois je savais que je regretterai à vie le fait de ne pas l'inviter.

Ce questionnement a duré... presque deux mois.
Insomnies, cauchemars, et angoisse extrême, le fond de la piscine quoi, mais pas moyen de taper du pied pour remonter.
Un calvaire au quotidien, pour moi et pour mon fiancé, qui ne savait quoi faire face à ce débordement, ces explosions de douleur.
Crise dangereuse, car évoluant vers d'autres angoisses liées à notre couple, remise en cause etc... bref: du transfert, du transfert et encore du transfert, mais moins basique et plus vicieux qu'à l'habitude.

Un beau jour, c'est ma soeur qui m'a demandé d'annoncer ce mariage à notre père. Elle ne pouvait plus tenir ce "secret" plus longtemps.
Le lendemain matin, 6h, un mail arrivait dans la boite mail de mon père.
Sujet: grande nouvelle, expéditeur: sa fille aînée.
Tonalité: assez froide,
Question: comment te positionnes tu, quel rôle souhaites tu jouer dans ce mariage?
Ouverture: nous boirons surement un café dans les semaines à venir, chez maman.

Réponse: quelques jours plus tard.
Il souhaite jouer son rôle de père. Il est heureux pour nous et nous souhaite tout le bonheur du monde.
Il me dit que son numéro de téléphone n'a pas changé. Je m'en fiche: je n'ai pas envie de l'appeler.

(ça fait plusieurs semaines que je n'ai pas écrit... c'est difficile, c'est très sensible et ça remue, tout au fond là dedans)

Mon état avait grandement avancé, j'envisageais qu'il me mène jusqu'à l'autel,
je me visualisais presque devant ce café, chez maman.

Maman que j'appelle hier après midi, pour avoir des nouvelles.
"ton problème de mariage va être résolu ma cocotte... ton père a repris la bouteille"

Voilà.

Ni surprise, di déçue à proprement parler.
Simplement, mon questionnement reprend son cours, dans un sens différent, et je ne sais que penser.
Quand il boit, il n'entend plus rien.
Est ce alors utile de lui demander de faire un effort, un simple effort de bien se tenir pendant cette journée unique, en octobre prochain?
Est ce envisageable simplement?

Qu'est ce que je fais?
Est ce que je suis capable, à l'heure actuelle, de relier avec cet homme que je ne connais plus, qui m'a fait tant de mal, et qui est de nouveau alcoolique actif?

Je n'ai pas de réponse. Pas pour le moment.
Et pendant cette foutue crise qui a duré jusqu'au moment où je lui ai envoyé ce mail, pour lui annoncer la nouvelle, j'ai pris une grande décision:
Je vais me trouver un foutu psy, il faut que cette pourriture me laisse respirer.

:(

30 décembre 2008

Ma petite soeur

a repris contact avec mon père.

J'étais au courant, et je comprends sa démarche, son besoin.

Mais samedi dernier, alors qu'elle était à la maison, elle l'a appelé.
Je ne saurais dire précisément ce que j'ai ressenti... mais ce qui me vient en tête en y pensant c'est...
que rien ne semble avoir changé...

23 décembre 2008

Elles arrivent.

Voilà, vous avez eu un max de théorie, de blabla large et impersonnel.
Vient maintenant l'heure du concret.

Elles arrivent... les fêtes de fin d'année.
Et comme les barbecue de l'été, elles sont pour moi source d'angoisse.
Parce que pendant les fêtes de fin d'année, la boisson coule à flot.
Le réveillon et jour de noël me sont supportables. La famille est là, personne n'a l'intention de se "murger", on mange bien, on déballe les cadeaux, certes on boit un peu... mais le partage est au rendez vous, et je sais que ça ne dépassera pas les limites qui me sont acceptables.

Le plus dur, c'est le nouvel an... parce que je ne fais plus ça en famille depuis que je suis en couple, et que les jours de l'an entre potes, c'est... pas du tout comme je les aime.

Le nouvel an j'y pense... dès le mois d'août si ça va bien, dès juillet si ça va moins bien. (c'est selon si il y a beaucoup de barbecues ou non ... merf)

Qu'est ce qu'on va faire, avec qui on va le fêter, comment ça va se passer, combien de litres d'alcool.
Toute une série de questions au final inutiles, puisque je ne pourrai rien empêcher de tout cela.
Au nouvel an, les gens boivent, c'est un fait.
On veut que la fête soit inoubliable... résultat: le lendemain, personne ne se souvient plus de rien... sauf moi.

Non pas parce que je ne bois pas... au contraire. J'ai tendance à me dire que si je bois autant qu'eux, peut être que je souffrirai moins...
Il n'en es rien, bien évidemment.
Car, allez savoir pourquoi... je ne suis jamais ivre. Alcoolisée oui, mais jamais "joyeuse" ou "pompette", et surtout, jamais inconsciente de ce qui se passe autour de moi.
Même avec une grande quantité d'alcool dans le sang, je suis capable de vous dire qui a bu combien de verres...
Et le lendemain, c'est comme ci rien n'était passé dans mon corps. Tout est normal. Pas de nausées, pas de migraine, pas de brûlures d'estomac...
et la soirée aura eu l'effet prévu sur mon esprit... de l'angoisse et en prime, de l'autodestruction.

... et là je peux me dire que je suis une alcoolique par substitution...

Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui faisait la même chose que moi.
(D'ailleurs, je n'ai rencontré qu'une seule personne qui puisse comprendre la base de ma souffrance. Mais nos histoires ont chacune leur évolution, leurs méandres, et nous savons que même si nous sommes là l'une pour l'autre, nous ne pouvons nous mettre à la place de l'autre. Merci à toi, ma louloutte, pour ce soutien que tu m'apportes.)
Je ne sais analyser ce geste en profondeur. Cela doit être un appel à l'aide, comme le reste... sauf que ce soir là, personne ne me tend la main... sont trop occupés à tenir leurs cannettes.

Bon, lâchons du leste!
L'année dernière, je travaillais à cette période de l'année, donc nous n'avions rien prévu. On a mangé en tête à tête, regardé un film devant lequel je me suis endormie. Nous nous sommes souhaité la bonne année et hop au lit.

Cette année, nous sommes tous les deux en vacances. Ma maman fête ça en Bretagne, avec ses amis.
J'ai attendu le dernier moment avant d'en parler à mon chéri. Ça retardait par la même occasion une bouffée d'angoisse latente.
J'en ai parlé avec ma mère, pour soulager un peu la soupape... et celle ci m'a suggéré de faire ça tranquillement, nous prévoir une bonne bouffe à deux, pis voilà.
Ça m'a permis d'enfin en parler avec lui, qui sait bien que cette fête est pour moi hypra délicate et qui du coup, hésite à m'en parler le premier.

" Loulou, qu'est ce que tu as envie de faire pour le nouvel an?"
" Rien de spécial, et toi?"
" Rien..."

Bon, c'est sur que ce n'est pas guilleret. Alors que tout le pays est en fiesta, nous on resterai à ne rien faire dans notre salon...

Bilan: sur les conseils de môman, nous allons nous faire un petit plaisir, avec un plateau traiteur pour bien manger, en amoureux. Ça nous fera une petite soirée sympa et raisonnable...

Bonne soirée: UNE, Angoisse: ZERO

yoyocici_handclap

10 décembre 2008

"La psy,

un outil de développement personnel."

Je cite les mots d'une femme qui est actuellement à mon écoute, avec laquelle j'échange.
Cette femme, il y a quelques mois de ça, après avoir discuté avec ma maman, m'a fait parvenir un écrit qu'elle comptait présenter pour valider son diplôme de moniteur éducateur.
L'écrit était quasi fini, mais elle souhaitait, autant que possible, recueillir des avis de personnes concernées au plus près par sa démarche.
Laquelle était de traiter le sujet des enfants de parent(s) alcoolique(s).
J'ai reçu cet écrit avec joie, d'une parce que je suis une fana des corrections de français, et de lecture, et aussi parce que même si tout cela me fait du mal, je pense nécessaire de dévoiler un peu ce monde obscur dans lequel ces mômes et moi même vivons.

Ce matin, j'ai reçu un mail, dans lequel elle me fait partager un peu de son histoire, elle aussi difficile. Et dans lequel il est aussi question de psy. De son histoire également, mais soit je lis très bien entre les lignes, soit je suis parano et ramène tout à mon état actuel, soit les deux :)

Je comprends bien qu'il sera nécessaire qu'un jour ou l'autre, je pousse la porte d'un psy.
Je ne sacralise pas, j'évite un surplus de souffrance. Qui tôt ou tard remontera oui. Et plus tôt que tard d'ailleurs. Ne serait ce que je le jour où je mettrai au monde mon premier enfant. Je le sais, et plus que ça, je le sens. C'est déjà bien d'en être conscient, non?

J'ai besoin de trouver le bon professionnel, celui qui me permettra d'avancer vite et fort,
mais j'ai besoin aussi de faire cela au bon moment.
A savoir: pas en période de fêtes de fin d'année, pas quand ma petite soeur est autant en souffrance que moi, pas quand je découvre des histoires de nécrose.

Vous savez ce qui me fait drôle dans tout ça, ce qui remue?
C'est que quelque part, au cours des dernières années, cette période d'absence, c'est comme si mon père était mort. Je parlais de lui au passé, j'éprouvais une telle colère que la distance se formait d'elle même.
Aujourd'hui, ce n'est plus pareil. Il est bel et bien vivant, il est tout près. J'ai avancé, et la colère n'est plus ce qu'elle était. Tout est différent. Comme si il était revenu de parmi les morts, comme si il fallait effacer ce travail de deuil pour repartir sur du vivant...

Je sais qu'il faudra que je pousse une foutue porte, mais pas maintenant.
Je ne suis pas superwoman, et déjà je me demande comment j'ai pu faire pour arriver jusqu'ici en un seul morceau. Alors là, maintenant, supporter cette souffrance du présent, et réveiller les souffrances du passé, même si les unes cotoient les autres, même si plus ou moins ce sont les même... vous pensez qu'il faut des épaules fortes comment pour pouvoir rester et se tenir debout?

Je ne dis pas non, je dis juste: pas tout de suite.

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8 décembre 2008

L'alcool

ne métarmorphose pas celui ou celle qui l'ingère.
Il accentue simplement certains traits de caractère déjà existants chez le buveur.

Que l'on ait "l'alcool joyeux" ou "l'alcool mauvais", l'alcoolisme reste ce qu'il est: une maladie.
J'imagine qu'il est aussi insupportable de vivre avec quelqu'un qui a l'alcool joyeux qu'avec quelqu'un qui ne l'a pas... mais moins dangereux.

Ma petite soeur a souhaité reprendre contact avec notre père. Je n'ai jamais été à son encontre, je suis restée dans le soutien "tu peux y aller, si tu tombes, je te rattrape". Belle image.
Toujours est il que c'est comme cela que ça se passe.
Elle l'a donc eu au téléphone. Et pour la première fois, elle est restée dans la cuisine, avec maman, pour ne pas se retrouver toute seule, accrochée aux mots d'un père qui lui fait peur.

Ce qui me fait retomber sur la première phrase de cet article.
"Tu es toute seule là?" "tu ne le dis pas à ta mère"...
Manipulateur il est, manipulateur il restera.
Je ne généralise pas, l'évolution de chacun est un minimum possible, à tout âge (si, si, j'en suis persuadée), mais encore faut-il que l'on se rende compte de ce que l'on est.

J'étais encore avec mot "nécrose" hier. Parait-il que cela arrive souvent, quand l'alcool ne bousille pas le foie, il s'attaque aux membres. Je n'ai rien trouvé sur le net à ce sujet...

Avec l'approche de Noël, les familles qui se réunissent, plein de choses remontent en surface, je deviens sensible, mes 5 sens en prennent un coup. (je ne me souviens plus vraiment des réveillons quand j'étais môme pourtant. Encore un truc que j'ai du faire descendre aux oubliettes)

Je n'ai pas repris contact, moi. Je n'ai pas eu cette complicité que ma soeur a eu jusque tard avec lui, cette adoration pour lui.
Je suis arrivée ici clairvoyante, une enfant avec un regard bien trop mature, mais une tête toute fragile qui souffre encore de ces chocs.
Alors je vois encore tout son petit manège, parce qu'il est comme ça, à la base. Peu importe les litres bus, le corps détruit, la dégradation de l'homme, il est ce qu'il est, et je le sais. Il manipule, ment et obtient, au détriment du bonheur des autres.
Qu'on ne me dise pas que je suis sans coeur.
Il est chez moi, d'une certaine manière. Je garde des traces, des choses. Le bouquet de roses qu'il m'a fait parvenir pour mes 22 ans, et la petite carte qui l'accompagne. Avec écrit dessus "je serai toujours là pour toi".
Et là? tu es où Papa?


6 décembre 2008

Besoin d'en parler

Actuellement, tel est ce qui se passe en moi.
Besoin que ça sorte, d'être entendue et écoutée.
D'en parler, de comprendre, de saisir, d'avancer.
Je ne sais pourquoi cela s'avère plus intense en ce moment que le reste du temps, mais c'est un fait.
Et d'un autre côté, je ne peux en parler avec n'importe qui, et je n'ai pas non plus l'envie de saouler les gens qui m'entourent et me connaissent sous cet angle...
Oui, parce que ce serait littéralement les saouler, à ce stade, il faudrait que je répète plusieurs fois les même choses, avec des mots différents, mais le même contenu, et ça, ça saoule, ça assomme.

Je ne fais pas de crises d'angoisse, mais je rêve beaucoup... ça travaille là haut.

5 décembre 2008

Des conséquences de l'alcoolisme

Actif ou non...

Cela fait maintenant 4 ans, je crois, que j'ai coupé le contact avec mon père... il me semble.
Depuis tout ce temps, il a du s'en passer des choses... que j'ai raté, ou que j'ai évité, c'est selon le point de vue et la situation.

Cela fait également tout ce temps là que je n'ai pas passé un noël avec mes grands parents, ni même bu un café en leur compagnie... ma grand mère est malade... et mon grand père me manque à un point tel que je n'ose y penser.
Je n'y suis pas retourné, ni appelé, par peur. De le croiser lui, et que l'instant ne soit pas tel que je le rêverais. Peur d'être déçue finalement... A défaut, je leur envoie parfois une petite carte, et des pensées, en leur disant que je les aime. Pourvu qu'ils m'entendent...

Au cours de ces années, il y a quand même eu une tentative de reprise de contact. Un truc qui chavire les sens et m'a mis dans un tel état que je ne savais que penser, que faire. Les souvenirs qui remontent mais par ailleurs le temps qui passe... que faire?
Et la question se pose encore à moi d'ailleurs... que faire?
Cette tentative a été un échec. J'ai voulu lui parler, qu'il entende ce que j'avais besoin de partager avec lui, sans lui reprocher... mais qu'il écoute et ne me laisse pas dans le noir...
Finalement, il a soufflé sur la bougie, la toute petite lueur qui n'attendait qu'un signe pour décider si elle allait rester allumée ou non, si il fallait continuer à se donner la peine de conserver la petite braise au chaud...

Il y a quelques semaines de ça, j'ai fait des cauchemars, toutes les nuits... j'avais donc pris la décision de faire le pas... malgré toute la souffrance qui reste, je lui avais griffonné une petite illustration, dans le but de lui envoyer. Les choses ont  fait que je n'ai encore rien posté.

C'est là que j'en viens aux conséquences de l'alcoolisme. Parce que tout cela, depuis quelques jours me met mal en point.
Voilà l'une des conséquences de l'alcoolisme: la souffrance des enfants.

Et en ce qui concerne le malade, on a beau dire que l'alcool est dangereux, c'est tellement ancré dans la culture, les mœurs, les "rituels" de notre société, que tout cela passe bien au dessus des têtes... et pourtant, les dégâts sont bel et bien là, et quand on y arrive, on se demande si... c'est la vérité maman, papa est bien dans cet état là?
Papa a des troubles du caractère et du comportement,
papa ne sait plus trop bien distinguer le réel du rêvé, le faux du vrai...
papa a les neurones tout cassés
papa vient seulement de récupérer son permis... (4 ans)
papa fait de la rééducation.
De la rééducation?
Oui, pour ses jambes. Parce qu'il a des soucis de motricité, un autre effet, encore quelque chose de détruit. Ça se termine souvent en cirrhose, mais parfois, ça touche autre chose... et là, ce sont les jambes. Une forme de... nécrose.

Nécrose.
Ce mot tourne en boucle dans ma tête depuis des jours.
Nécrose.
Ça veut quand même bien dire ce que ça veut dire...

Ma petite soeur, elle, a repris contact.
Elle l'a eu au téléphone. Elle était ravie parait-il. Je suis contente pour elle, mais que Dieu la garde et la protège, encore et toujours. Un si petit coeur, il faut arrêter de lui faire du mal.

Ma petite soeur vit dans l'angoisse. Et ça aussi, ça m'angoisse...

Des conséquences de l'alcool... l'alcoolisme par procuration.
Nous souffrons toutes les deux (et toutes les trois finalement, maman inclus, mais pour elle c'est tout de même différent) du mal que lui s'est fait.
Précisément, je ne peux parler au nom de ma petite soeur, mais je sais ce que moi je vis... ce que je ressens, ce qui me ronge.

L'angoisse, la peur et la honte.
Je suppose que tout cela est commun à bon nombre de trauma.
L'angoisse de se trouver dans une soirée trop arrosée, de devoir rentrer avec un conjoint ivre (même si ce n'est jamais arrivé... l'angoisse a pour caractéristique d'être incontrolable), de devenir désagréable;
La peur de voir des canettes ou bouteilles de bière dans le frigo, d'avoir envie de boire un verre de vin alors que je suis seule;
La honte, de tout ceci, de ne pouvoir gérer ces situations, de ne pas avoir envie de sortir pour cette même raison, de connaître et de ne pas réussir à voir les choses différemment, d'imposer cela à son conjoint sans pouvoir se contrôler.
La honte d'être différente.




28 novembre 2008

vendredi

Question:
Pourquoi suis je "hypersensible"?
Je veux dire... il y a des tas de personnes, de mon âge ou non, qui ont vécu avec un parent alcoolique. Sont ils dans mon cas pour autant? non, pas forcément!
Alors, qu'est ce qui fait que j'en ai tiré de telles blessures intérieures, des angoisses si profondes et présentes?
J'aimerais comprendre, ne serait ce qu'un minimum, comment tout cela est possible...
Je suppose que l'influence du deuxième parent joue beaucoup là dedans, et que si j'ai pu ressentir la souffrance de ma mère, même sans la comprendre dans un premier temps, cela a accentué l'attention et la sensibilité dont je faisais déjà preuve.

Niveau mémoire, c'est le trou noir dans la petite et jeune enfance... à part quelques flash marquants...
Ranger toutes les petites vis de papa dans les bonnes cases,
ma poupée en mouvette faite à l'école,
la visite médicale, pendant laquelle aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche et maman qui débarque,
les pièces de la maison de Petiville,
mon gros bobo sur le genou et le canapé de l'appartement d'Hérouville,
ma gamelle à vélo au bois de l'Ebisey
et puis d'autres images, celles qui choquent, celles qu'on n'imagine pas pouvoir se produire dans la réalité et que pourtant on a vu... celles qu'on ne veut jamais revoir apparaitre, de près ou de loin;
et d'autres souvenirs qui remontent sans prévenir, forcés par les stimuli:
le sucre qui crépite quand on le verse dans le yahourt, et maman qui s'approche du pot et me dit "écoute..."
les odeurs, les musiques... Joe Cocker, James Brown, et plus tard, Florent Pagny.
les images également, dont certaines ressemblent à des hallucinations tellement le transfert est puissant,
des sensations de toucher, des mains posées sur mes épaules.

Tout cela se mélange et remonte à la surface de temps à autres, selon la situation,
me tirant parfois les larmes, d'autres fois des sourires, des envies de partage.

Je ne dirai pas que j'ai eu une enfance malheureuse... difficile, oui. Malheureuse, ce n'est pas le mot... j'ai en poche de souvenirs et des principes que j'ai envie de partager, des choses toutes simples, comme "papi nounou" qui coupe ma grande tranche de pain de mie en 9 morceaux pendant que j'admire le geste, perchée sur un de ses genoux, que je partagerai avec mes enfants.

27 novembre 2008

jeudi

Bonjour,
je m'appelle Mad.moizelle, j'ai 23 ans, et je ne suis pas alcoolique.

Si je suis ici aujourd'hui, c'est parce que... j'ai besoin de parler, ça pèse lourd. Alors je me suis dit que peut être auprès de vous, je trouverais ce que je recherche... de l'écoute, du soutien, et des tapes dans le dos accompagnées de "allez, ça va bien se passer".
Certainement qu'au fil des mots, vous vous direz que "cette fille devrait aller chez un psy oui!", et vous en aurez le droit, bien sur. Sauf que... et vous, avez vous la force d'aller remuer le passé face à quelqu'un qui ne vous répond que par des répétitions ou des "humhum, je vois..."?
Oui, nous devons avancer en prenant nous même conscience de ce qui "cloche" et de ce qui nous bloque à ce que nous sommes, à ce que nous avons été... mais dans les moments où nous perdons pieds, que se passe-t-il?
Quand les crises d'angoisse débarquent, que le monde devient ténèbres et que nos pensées nous étouffent, c'est un psy qu'il nous faut? ...
Pour ma part, j'ai besoin dans de tels instants, que l'on me serre fort et que l'on me montre la lumière... en me disant "c'est fini ma puce, ça va aller, pleure un bon coup, je suis là". Rien de plus... Tout comme un enfant qui a peur du noir s'endort sous l'oeil bienveillant de ses parents qui attendent patiemment que le cauchemar soit chassé par la douceur de Morphée, et la petite lampe de chevet, que l'on veillera à laisser allumée, pour la suite...

Je suis alcoolique par procuration. Qu'est ce que ça veut dire? je n'en sais trop rien, mais c'est une expression qui sonne bien!
Je ne souffre pas de cette maladie directement, je ne bois pas tous les jours, ni à outrance à une fréquence régulière... Je bois raisonnablement, et de temps en temps.
Ce dont je souffre, c'est des éclats de cette maladie, de ce qu'elle fait à l'entourage du malade. Et en l'occurence, à ses enfants.

Si je me décide à écrire enfin, c'est suite à une discussion houleuse sur le thème, et une conclusion telle que celle ci:
"le passé est derriere et c'est pas constructif de revenir dessus, car quoi que tu fasses, c'est fait et tu ne peux pas le changer"
J'ai 23 ans, je ne suis plus une enfant, mais ce qui est sur, c'est que je me suis bâtie sur tout cela, cette ambiance, ces odeurs, ces images, ces habitudes, et ces bouteilles.
A l'heure qu'il est, je suis pleinement consciente qu'on ne change pas son passé... Mais a partir du moment où nous sommes le résultat de notre histoire, comment vivre avec quelque chose qui vous pèse à un point que personne ne soupçonne?
Comment faire taire des cris qui abrutissent votre tête, comment dégager un coeur qui étouffe sous un beau tas de merde?
Je fais quoi alors? Je me tais et j'attends que les crises passent, patiemment, en continuant à me trainer toutes ces casseroles comme je trainerais un boulet? Ce qui signifie... rester prisonnière?

Je ne peux pas changer le passé, et je n'ai pas la force d'aller taper à la porte d'un psy, quel qu'il soit. Alors ma thérapie, ce sera, comme souvent d'ailleurs, l'écriture, mon refuge et mon coup de pouce.

Si je suis capable d'exprimer mes peurs avec des mots lisibles, c'est que je suis capable d'avancer.

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